L'homme habite l'actuelle Colombie-Britannique depuis environ 10 000 ans. Malheureusement, nous en savons infiniment moins sur les débuts que sur les deux derniers siècles. Les habitants ont laissé peu de traces qui auraient permis de décrire leur existence autrement qu'à grands traits. Ce sont les nouveaux arrivants, avec leur souci de consigner leurs renseignements, qui ont marqué les débuts de ce qu'on considère communément l' " histoire " de la Colombie-Britannique. L'appellation Colombie-Britannique est née elle-même au cours des deux derniers siècles. Il s'agit, abstraction faite de l'océan Pacifique à l'ouest et des montagnes Rocheuses à l'est, d'une construction au même titre que l' " histoire " que nous lui attribuons. Il n'en demeure pas moins qu'une histoire requiert certaines balises, à la fois réelles et fabriquées. La Colombie-Britannique existe donc en tant qu'entité politique - et de plus en plus comme réalité économique et sociale - depuis à peine les années 1860.
Nous connaissons certaines caractéristiques du mode de vie des peuples autochtones avant l'arrivée des Européens. Ils se répartissaient globalement selon qu'ils habitaient la côte ou l'intérieur des terres. Les conditions généralement difficiles à l'intérieur signifiaient que l'on devait consacrer beaucoup de temps pour se nourrir et s'abriter; l'organisation sociale et les rituels y étaient donc, pour la plupart, moins développés que sur la côte qui, elle, bénéficiait d'un environnement plus clément, symbolisé par deux éléments de base : le saumon pour la nourriture et le cèdre pour presque tout le reste. Les peuples côtiers divisaient l'année en deux : l'été était consacré aux moyens d'assurer la survie et l'hiver, aux activités culturelles et spirituelles, avec pour axe central le potlatch. Il s'agissait d'une cérémonie réglée dans ses moindres détails où l'on distribuait des objets pour confirmer ou souligner un statut ou pour commémorer des événements importants. L'existence de 30 langues, qui diffèrent l'une de l'autre autant que l'anglais se démarque du français, témoigne de la complexité des regroupements tribaux dans ce qui est aujourd'hui la Colombie-Britannique.
Une situation géographique à l'extrémité de l'Amérique du Nord explique que le territoire n'a été exploré par les Européens que bien plus tard, après qu'ils eurent colonisé la plus grande partie du monde. Les premières vagues ont commencé avec les Russes au nord, qui cherchaient à exploiter l'actuelle Alaska, et les Espagnols au sud, qui avaient conquis le Mexique. Il est possible que Vitus Bering, un navigateur danois au service de la marine russe, se soit rendu aussi loin que la Colombie-Britannique durant l'expédition de 1740 visant à établir si l'Amérique du Nord était séparée de l'Asie. L'expansion espagnole a pour sa part pris la forme de trois expéditions entre 1774 et 1779 au terme desquelles la côte fut rattachée, nominalement du moins, à l'Espagne. La Grande-Bretagne essayait depuis longtemps de se frayer une voie maritime au nord-ouest pour faciliter son commerce florissant avec l'Asie. Les tentatives à partir de l'est de l'Amérique du Nord s'étaient soldées par un échec et le héros national James Cook reçut le mandat de trouver une voie terrestre à partir de la côte ouest. Il mouilla l'ancre près du détroit de Nootka, sur la côte ouest de l'île de Vancouver, au printemps 1774 pour ensuite naviguer le long de la côte vers le nord avant de bifurquer vers l'Asie. Échouant à trouver un passage au nord-ouest (et pour cause, il n'y en avait pas), l'expédition eut malgré tout deux conséquences importantes. Elle signifia sur le coup la première incursion commerciale dans le nord-ouest du Pacifique : les hommes de Cook avaient acheté quelques fourrures de loutre de mer auprès des indigènes et les avaient revendues sans peine en Chine. Un commerce maritime de la fourrure se développa immédiatement, dans lequel les marchands de la Nouvelle-Angleterre, aux États-Unis nouvellement émancipés, ne tardèrent pas à éliminer leurs concurrents. Plus de 170 navires de plusieurs pays se rendirent sur la côte au plus fort de l'exploitation, entre 1785 et 1825, jusqu'à l'extinction presque complète de la loutre de mer. Cet épisode marqua l'effondrement du boom économique axé sur les ressources naturelles, le premier d'une série que la Colombie-Britannique connaîtrait au cours des deux prochains siècles.
La seconde conséquence de cette expédition fut une controverse de plus en plus forte avec l'Espagne au sujet de la souveraineté du détroit de Nootka, considéré comme la voie d'accès à la côte de la Colombie-Britannique. Un règlement diplomatique, adopté en 1790-94, accorda des droits commerciaux aux deux pays sans évoquer la question de la possession. Chaque partie chercha à renforcer sa position en recueillant autant de renseignements que possible et c'est ainsi que le capitaine George Vancouver dressa une grande partie de la carte côtière en 1792-94 pour le compte de la Grande-Bretagne et que l'Espagne s'en désintéressa de plus en plus.
La Colombie-Britannique donnait aussi bien sur l'ouest que sur l'est. Dans ce cas-ci, l'incursion provint des marchands de fourrure qui cherchaient également une voie maritime, en l'occurrence un passage pour la compagnie North West de Montréal. Alexander MacKenzie navigua sur des rivières en 1793 pour rejoindre l'anse à Bella Coola. En 1808, ce fut Simon Fraser qui atteignait l'embouchure du fleuve Fraser qui porte son nom alors que David Thomson poussait plus au sud vers la même époque. Même si aucun ne découvrit le passage maritime tant convoité, chacun établit plusieurs petits comptoirs commerciaux. L'entente mettant fin à la guerre anglo-américaine de 1812 prévoyait une occupation conjointe, flexible, du nord-ouest du Pacifique mais les deux pays y trouvaient peu d'intérêt autre que les fructueux dividendes de la traite de la fourrure.
La traite de la fourrure terrestre se développa au début du XIXe siècle au centre de l'actuelle Colombie-Britannique, dans une région appelée Nouvelle-Calédonie, s'étendant au sud vers le fleuve Columbia dans les États de Washington et de l'Oregon. La Compagnie de la Baie d'Hudson, basée à Londres, détrôna ses derniers concurrents en 1821 pour monopoliser la traite du nord-ouest du Pacifique et établir des comptoirs où les nouveaux arrivants s'installaient pour toute une année et commerçaient avec les indigènes. Cette activité constituait une intrusion mineure dans les sociétés autochtones. De nouveaux biens circulaient dans l'économie locale et quelques femmes vivaient avec ces nouveaux venus, certes, mais rien n'avait changé fondamentalement. La transformation arriva cependant lorsque les Européens décidèrent de s'installer pour de bon et de disputer aux indigènes les ressources et les terres au lieu de simplement exploiter une seule denrée et de repartir. Cela se passa dans les années 1830 alors que les Américains croyaient de plus en plus en leur " destinée manifeste " d'occuper tout le continent, d'un océan à l'autre. Des familles se déplacèrent pour s'installer à proximité du comptoir principal de Fort Vancouver, non loin de l'embouchure du fleuve Columbia, en si grand nombre que la Compagnie de la Baie d'Hudson décida d'en fonder un autre sur l'île de Vancouver au nord afin d'assurer sa prospérité future: Fort Victoria voyait le jour en 1843, sous l'autorité de James Douglas, marchand pour le compte de la compagnie. Des troubles provoqués par des colons américains décidèrent Américains et Britanniques à signer le traité de Washington en 1846 et à rallonger la frontière internationale en vigueur, sur le 49e parallèle, des Rocheuses vers l'océan Pacifique en contournant la pointe sud de l'île de Vancouver.
La Colombie-Britannique se voyait ainsi non seulement délimitée au sud, mais également cédée à la Grande-Bretagne et celle-ci colonisa l'île en 1849 officiellement. Richard Blanshard fut nommé gouverneur et ce fut tout car la métropole, n'étant pas intéressée par cette région éloignée de l'Amérique du Nord, en délégua la gestion des affaires courantes à la Compagnie de la Baie d'Hudson à condition que celle-ci encourageât la colonisation. Elle déménagea ses quartiers généraux vers le nord à Fort Victoria, avec James Douglas à sa tête, et ferma progressivement ses comptoirs américains. J. Douglas devint également gouverneur, suite au départ de R. Blanshard en 1851, ce qui resserra les liens entre la traite et la colonie. Il reconnaissait cependant qu'en fait " les intérêt de la colonie et de la traite de coïncideraient jamais. " L'occupation des terres par les immigrants changea l'ordre des choses et les peuples indigènes apportèrent de moins en moins de fourrures. Les efforts de colonisation la CBH furent tout au plus tièdes, tout juste de quoi empêcher les autorités britanniques d'annuler l'entente. La compagnie se lança certes dans l'extraction du charbon et envoya une poignée de mineurs anglais s'installer à Nanaimo. Une population peu abondante et une métropole réticente à consacrer beaucoup d'argent à sa nouvelle colonie expliquent que peu de traités ont été signés avec les peuples autochtones. James Douglas en a pourtant signé 14 entre 1850 et 1854, concernant les alentours de Victoria et les mines de charbon mais, faute de ressources, il ne put aller plus loin. La guerre de Crimée en 1854 suscita un bref intérêt de la part de la Grande-Bretagne pour l'île de Vancouver, qui déplaça sa flotte de la marine royale du Chili à Esquimalt mais la population non autochtone de l'île de ne dépassait toujours pas 700 âmes en 1851, en plus des quelques colons dans les comptoirs éparpillés sur le continent.
Les choses en sont restées là jusqu'en 1857, avec la rumeur de la découverte d'or dans les sables aurifères du fleuve Fraser. La ruée vers l'or de 1849 avait transformé la Californie, récemment passée de l'Espagne aux États-Unis. C'était le tour de la Colombie-Britannique Les premiers colons à se rendre au nord, à Victoria, au printemps 1858 étaient presque tous des mineurs et des marchands expérimentés. La nouvelle se répandant, d'autres personnes arrivaient de plus loin, des États-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la Chine. Ce furent 30 000 arrivants, selon certaines estimations, qui s'installèrent en 1858, suivis de milliers d'autres au cours des six années suivantes. La plupart de ces hommes - il y avait très peu de femmes - repartirent presque aussitôt, du fait des insurmontables difficultés pour atteindre les terrains aurifères. De nouvelles découvertes au nord du fleuve Fraser débouchèrent sur le plateau du Cariboo, ce qui compliquait davantage les déplacements. Les premières pistes, qui suivaient essentiellement les voies d'eau, étaient remplacées en 1865 par la voie ferrée du Cariboo qui se rendait au nord à la ville-champignon Barkerville. La ruée vers l'or appelait impérativement une organisation du pouvoir. Les délais de communication avec la Grande-Bretagne obligèrent James Douglas à agir surtout de son propre chef afin d'assurer le contrôle des terrains aurifères. La métropole confirma ses initiatives et, le 2 août 1858, créa, avec le territoire continental, la colonie séparée de la Colombie-Britannique, selon le choix personnel de la Reine Victoria. James Douglas se voyait conférer la tâche supplémentaire de gouverner la colonie continentale, à condition toutefois qu'il coupât ses liens avec la Compagnie de la Baie d'Hudson. La Grande-Bretagne dépêcha ses ingénieurs royaux afin de mettre sur pied une infrastructure de base et choisit, pour des raisons stratégiques, New Westminster comme capitale, sur la rive nord du fleuve Fraser. L'île de Vancouver devenait une colonie britannique à part entière le 30 mai 1859, à l'expiration de la concession de la CBH. Les frontières actuelles de la Colombie-Britannique étaient fixées en 1863 pour l'essentiel alors que, suite à la ruée vers l'or à l'extrême nord, la métropole confirmait la souveraineté du territoire continental jusqu'au 60e parallèle et, à l'est, jusqu'au 120e méridien.
Les deux colonies, à l'instar d'autres possessions britanniques autour du globe, étaient gouvernées par des hommes nommés ou élus. Il y avait dès 1856 une assemblée législative avec sept membres élus sur l'île de Vancouver, de même qu'un conseil nommé chargé d'approuver les lois promulguées. La Colombie-Britannique n'avait pas de corps législatif au départ car la métropole se méfiait sans doute d'une population minière, en grande partie instable. La colonie continentale s'était vu accorder un conseil législatif en 1863, censé compter progressivement plus de membres élus que nommés. Les quelques personnes aptes à participer à la vie politique devaient être de sexe masculin, sujets britanniques et propriétaires fonciers; cette minorité était divisée à plusieurs titres. Les nouveaux arrivants, en provenance surtout de l'Amérique du Nord britannique s'indignaient des privilèges dont jouissaient les cadres supérieurs associés à la CBH, qui voyaient leur position confortée de surcroît par l'arrivée, en provenance de la métropole, d'un personnel destiné à travailler dans l'administration coloniale. On accusa James Douglas de favoriser leurs intérêts, de même que ceux de l'île de Vancouver au détriment du continent. Les deux protagonistes étaient le Néo-Écossais Amor de Cosmos, à Victoria, et l'Ontarien John Robson, à New Westminster. Les deux publiaient chacun un journal dans lequel ils défendaient leur point de vue.
James Douglas prit sa retraite en 1864 pour être remplacé par deux gouverneurs, puis un seul lors du regroupement des deux colonies dans la colonie unie de la Colombie-Britannique en 1866. L'essoufflement de la ruée vers l'or signifia une diminution de revenus pour le gouvernement, et la construction de la voie ferrée du Cariboo généra une dette importante. Victoria devint la nouvelle capitale mais son assemblée législative élue fut remplacée par le conseil législatif du continent, nommé pour l'essentiel. Le statut futur de la Colombie-Britannique ne faisait pas l'unanimité : les groupes alliés de la métropole au sein de la population se satisfaisaient du statu quo alors que les nouveaux arrivants de l'Amérique du Nord britannique prônaient une adhésion au nouveau Dominion du Canada, créé en 1867. L'absence d'un gouvernement représentatif et responsable était inadmissible. Certains songèrent même à faire partie des États-Unis, au sud, mais les rapports avec cette nation sûre d'elle-même n'avaient jamais été faciles. Un désaccord, survenu en 1859, sur la fixation du " bras de mer principal " qui séparait l'île de Vancouver des États-Unis, avait effectivement débouché sur un affrontement sur l'île de San Juan, appelé la Guerre des cochons (Pig War). Un arbitrage subséquent accorda l'île aux Américains. Certains crurent presque inévitable que, suite à l'acquisition en 1867 de l'Alaska par ce même pays, la colonie britannique serait la prochaine proie. John Sebastian Helmcken, politicien en vue, rapporta ultérieurement la façon dont les Américains locaux " se vantaient d'avoir pris la Colombie-Britannique en étau et de pouvoir la gober n'importe quand!!! " Des marchands de Victoria, favorables à cette évolution, firent circuler deux pétitions réclamant l'annexion et les envoyèrent au Congrès américain qui les examina brièvement. C'est sans doute la présence de la base navale royale d'Esquimalt qui aura décidé la Grande-Bretagne à ne pas brader une possession lointaine et gênante.
Préférant plutôt l'intégrer au Canada, elle nomma un gouverneur en 1869, Anthony Musgrave, chargé de réaliser ce projet. Il fallait convaincre les quelques politiciens locaux mais la demande formelle d'entrée dans la Confédération que le gouverneur obtint, à force de persuasion, du conseil législatif en avril 1870, était si audacieuse qu'elle ne pouvait manquer d'être rejetée. Mais ce sont des événements extérieurs qui en décidèrent autrement. La métropole avait déjà prévu que le vaste territoire compris entre la Colombie-Britannique et l'Ontario, dont la CBH assurait plus ou moins le contrôle, serait intégré au nouveau Dominion. Le contrôle canadien de la traite de la fourrure dans la colonie de Red Deer, ou Manitoba en 1870, ne tarda pas à être disputé par les métis sous la direction de Louis Riel. Les conditions exagérées de la proposition devinrent du coup raisonnables et l'on accepta donc la construction d'une voie ferrée, le transfert de l'importante dette locale au Canada et un décompte démographique élargi aux fins des futures subventions par habitant. Au lieu de la voie ferrée, on projeta un véritable chemin de fer, a compléter en moins de dix ans, afin de mieux contrôler les prairies et satisfaire la Colombie-Britannique qui, n'ayant plus le choix que d'accepter ces conditions, intégra la Confédération le 20 juillet 1871; l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, créant le Canada en 1867 et le dotant d'un gouvernement central fort, s'appliqua à la nouvelle province.
Les provinces ne s'occupaient que de questions d'intérêt local (santé, éducation, maintien de la loi et de l'ordre, développement des infrastructures physiques ainsi que gestion et vente des terres publiques de la Couronne, notamment). La province avait trois sénateurs et six députés, des effectifs réduits par la suite du fait de la distance tant réelle que psychologique qui la séparait alors et plus tard d'Ottawa, capitale du pays. Les représentants de la Colombie-Britannique ne se firent pas remarquer au niveau fédéral ou dans l'opinion publique nationale, en règle générale. Des élections fédérales et provinciales (pour les 25 députés du parlement local) furent organisées peu après l'adhésion à la Confédération. Le gouverneur général, qui représentait la Couronne britannique, nomma un lieutenant-gouverneur britanno-colombien chargé de demander à un des députés provinciaux de devenir premier ministre et de former un gouvernement. L'idée d'un gouvernement responsable devint une réalité, suite à la démission du premier premier ministre, John Foster McCreight qui avait essuyé une motion de défiance votée par l'assemblée. Il fut remplacé par Amor de Cosmos, militant politique de longue date, auquel succéda une série d'hommes qui dirigeaient des coalitions ad hoc vagues et variables, les partis n'existant pas encore. La représentativité du parlement rétrécit en 1874 avec le retrait du droit de vote des Chinois et des autochtones, mais s'élargit, au profit uniquement des sujets britanniques de sexe masculin, avec l'abandon de l'exigence de propriété foncière aux fins de ce même droit. Ce gouvernement se montrait globalement passif, se limitant au favoritisme et à la défense de l'exploitation des ressources. Pour les services sociaux, le parlement se borna à adopter, en 1872, un système scolaire primaire gratuit et non confessionnel.
La facilité relative avec laquelle les instances politiques assumaient une responsabilité et une représentativité selon les critères énumérés précédemment voilait la réalité démographique et économique de la province. Il n'y avait que 8 000 Blancs pour 25 000 autochtones, 1 500 Chinois et 500 Noirs. Trois adultes non autochtones sur quatre étaient des hommes, du fait de la ruée vers l'or. Les nouveaux arrivants s'établissaient sur des terres octroyées mais beaucoup ne tardèrent pas à se rendre compte qu'il fallait occuper plusieurs métiers pour survivre, notamment l'exploitation de l'or, du charbon et, à l'occasion, du bois. Mais de nombreux autres attendaient une prospérité liée au chemin de fer. Ce sont probablement les peuples autochtones qui souffrirent le plus de l'adhésion à la Confédération. Le gouverneur Douglas avait expressément interdit l'acquisition par préemption de terres autochtones mais, dans les faits, la ruée vers l'or chamboula cette situation. De nombreuses maladies d'origine européenne, notamment l'épidémie dévastatrice de petite vérole en 1862-63, décimèrent la population, confirmant, aux yeux des colons, la théorie sociale darwinienne de la " survie des plus forts " et la disparition inéluctable des indigènes. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique transféra la responsabilité des affaires autochtones au gouvernement fédéral lors de l'adhésion de la Colombie-Britannique. Les autochtones devaient être traités aussi généreusement qu'avant l'union mais, dans les faits, ce sont les intérêts des nouveaux arrivants qui l'emportèrent et ceux-là se virent confinés de plus en plus dans des réserves étroites et éloignées; on n'envisagea même plus de signer de traités. La seule exception fut le Traité no 8, une des nombreuses ententes concernant les prairies conclues par le gouvernement fédéral, signée en 1899 et couvrant le nord-est de la province.
La construction du chemin de fer tant attendu fut reportée plusieurs fois pour des raisons politiques et financières. La premier ministre John A. Macdonald avait inauguré une politique nationale en 1878 visant à favoriser le développement économique au moyen d'une augmentation des tarifs douaniers, de l'immigration et d'un chemin de fer transcontinental. Cette politique reflétait l'impérialisme de l'époque selon lequel la périphérie, colonies ou Ouest canadien, devait renforcer l'économie du centre en lui fournissant des matières brutes pour les récupérer sous forme manufacturée. Non seulement la valeur ajoutée (emplois et croissance industrielle) revenait-elle à juste titre au centre (Ontario et Québec) mais également l'imposition de taux et de frais de transports différentiels sur les biens manufacturés visait à empêcher cette périphérie de devenir autonome. Cette politique, dont la province allait pâtir à long terme, se traduisit malgré tout par la construction du chemin de fer. La compagnie, basée à Montréal, qui obtint le contrat de construction du Canadien Pacifique, reçut une aide gouvernementale importante et de grosses subventions pour acquérir des terrains. Une grande partie de la main-d'œuvre était chinoise, dont plus de15 000 passèrent par Victoria à cette fin. Le constructeur voulait maximiser ses profits en choisissant son terminus à l'Ouest sur les meilleures terres encore disponibles : L'anse Burrard. La petite exploitation forestière de Gastown devint, presque du jour au lendemain, la nouvelle ville de Vancouver avec l'arrivée du premier train de passagers le 4 juillet 1886. La Grande-Bretagne ne se trouvait plus qu'à un peu plus de deux semaines de là et le Canadien Pacifique ne tarda pas à poursuivre sur sa lancée asiatique en ajoutant au train la navigation vers l'Asie. En quelque dix années, Vancouver détrôna Victoria à titre de centre et de port commercial principal de la province ouvert sur les marchés mondiaux. Les arrêts le long de la voie ferrée, tels que Kamloops et Revelstoke, devinrent vite des agglomérations.
Le CP stimula l'économie de la province qui reposait sur les ressources naturelles, ce qui convenait à la politique nationale : poursuite de l'exploitation forestière, extraction de charbon sur l'île de Vancouver et mines d'or à l'intérieur du territoire. La roche dure fut exploitée dans le Kootenay, des fonderies se multiplièrent, surtout à Trail, dans le Kootenay occidental. Une nouvelle technique industrielle d'aplatissement et d'égalisation de la tôle rendit possible la mise en conserve de saumon, une ressource abondante jusque là peu exploitée. La côte vit apparaître des conserveries saisonnières, financées en grande partie par des investissements d'ailleurs. Cette denrée devint un aliment de base dans la métropole. Du fait d'une faible superficie arable, l'agriculture ne connut jamais la même importance que dans le reste du pays : elle y occupait au moins la moitié de la main-d'œuvre masculine contre moins d'un cinquième en Colombie-Britannique.
Le chemin de fer eut une conséquence démographique également. Ce premier lien direct avec le pays favorisa l'immigration vers la province. De 3 500 habitants en 1881, la population locale née ailleurs au Canada bondit à 20 000 en 1891. Les Chinois, venus pour construire le chemin de fer, ne se virent pas offrir le retour, contrairement aux promesses initiales. Beaucoup prirent racine sur les lieux de leur dernier emploi, d'autres se rendirent dans les quartiers chinois de Victoria, de Vancouver et d'ailleurs. Le nombre d'Asiatiques en 1891 avoisinait les 10 000, puis 20 000 dans la décennie suivante. D'environ 50 000 habitants en 1881, la population totale de la province doubla en dix ans et atteignit presque 180 000 en 1901.
Cette société de colons transforma la politique provinciale. Le nombre d'électeurs admissibles passa d'environ 3 000 au milieu des années 1870 à 44 000 lors des élections de 1900. Une vie politique plus impersonnelle rendit de plus en plus inacceptable le gouvernement par de petites cliques et des premiers ministres dont le pouvoir reposait sur les contacts personnels et le favoritisme. La fin du siècle vit renverser des ministères au point d'éloigner les investisseurs potentiels. On commença à évoquer la formation de partis tels qu'il en existait dans le reste du pays. Un des fervents partisans se nommait Richard McBride, un jeune avocat natif de New Westminster. Élu député en 1898, il devint premier ministre conservateur en 1903. Ses adversaires se regroupèrent sous la bannière libérale, d'après le modèle fédéral. C'était le début des partis politiques. Les premiers ministres étaient demeuré en poste tout au plus trois ou quatre ans jusqu'alors, pour être remplacés par une autre clique; rompant avec cette pratique, Richard McBride exerça le pouvoir pendant douze ans. À son accession, la province était lourdement endettée et son avenir compromis. Nombreux, y compris le premier ministre et son parti, étaient d'avis que le gouvernement ne pouvait assumer les affaires courantes selon les dispositions fixées lors de l'union avec le Canada. Les dimensions du territoire, une géographie ingrate et une population éparpillée gonflaient exagérément les frais d'administration courante. L'absence de manufactures obligeait la province à acheter des produits surtaxés du centre du pays alors que ses ressources principales - minerai, poisson, bois - devaient concurrencer les produits vendus sur les marchés internationaux. Richard McBride négocia de " meilleures conditions " avec le gouvernement fédéral et obtint une subvention annuelle à court terme en échange d'une augmentation des taxes et d'une réduction des dépenses afin d'équilibrer le budget provincial. La facilité avec laquelle on aboutit à ces " meilleures conditions " était trompeuse car la province connaissait alors une autre de ses flambées de croissance économique. Le Canada et le monde vivaient le même phénomène et achetaient des produits britanno-colombiens. La question fondamentale du statut de la province au sein de la confédération n'en était pas réglée pour autant. Richard McBride ne tarda pas à être happé dans la nouvelle spirale de croissance et, désireux d'encourager l'exploitation des ressources locales, encouragea la construction de chemins de fer et subventionna les lignes Canadian Northern et Pacific Great Eastern. Le gouvernement fédéral subventionnait en même temps un second chemin de fer transcontinental, le Grand Tronc Pacifique, qui allait ouvrir les prairies et l'intérieur de la Colombie-Britannique à l'exploitation agricole. Le terminus occidental de ce chemin de fer marqua les débuts de Prince Rupert.
Outre sa politique ferroviaire, le gouvernement provincial comptait développer les investissements d'ailleurs. Les capitaux locaux étant nettement insuffisants, l'expansion ne pouvait venir que du dehors, comme cela avait été le cas avec la conserverie de saumon et l'exploitation minière. Deux entrepreneurs ontariens, William Mackenzie et Donald Mann, s'illustrèrent particulièrement, non seulement dans le rail mais aussi dans le charbon et le bois. Les Anglais et les Canadiens s'adonnaient à la spéculation foncière, débitant des terrains, jouxtant souvent les chemins de fer, en petits lots et les revendant à de nouveaux arrivants. L'irrigation permit à la vallée de l'Okanagan de passer de l'activité d'élevage à l'arboriculture à petite échelle. L'afflux de livres sterling était en général discret, sous forme souvent de placements de portefeuille dans des obligations d'État servant à financer les services publics ou les infrastructures physiques. Les dollars américains allèrent à l'industrie du cuivre dans les régions du Kootenay et de Boundary, finançant également une importante fabrique de pâtes et papiers à Powell River sur la côte Sud. Les capitaux américains permirent également une croissance phénoménale de l'exploitation forestière, en partie parce que les concessions forestières de la Couronne n'avaient été pendant longtemps régies par aucun règlement. Une Commission royale sonna finalement l'alarme en 1910 mais environ 80 % des forêts de la Couronne avaient été octroyées, à des grandes compagnies notamment.
La croissance démographique allait favoriser l'essor économique. Le gouvernement fédéral, conformément à sa politique nationale, lança une campagne d'immigration en 1896 afin d'attirer des colons pour produire des matières premières et acheter des produits manufacturés. La Colombie-Britannique en profita. Les Anglais en particulier prisaient la province, en raison notamment de son statut colonial récent. D'à peine 6 000 natifs de la métropole en 1881, les effectifs passèrent à 116 000 en 1911. La population de la province atteignait alors presque 400 000 habitants, soit plus du double que dix ans auparavant, puis le demi-million à la veille de la Première Guerre mondiale, laquelle marqua un arrêt de l'immigration massive jusqu'au milieu du siècle. La province, la seule au pays, continuait à attirer des immigrants asiatiques du fait de la proximité géographique. Les sikhs indiens arrivaient souvent avec leur savoir en foresterie pour se retrouver dans le même secteur d'activité, tout comme les Japonais, affectés le plus souvent à la pêche ou à l'agriculture à petite échelle. Le nombre d'Asiatiques à la veille du premier conflit mondial avoisinait les 30 000 alors que celui des autochtones dégringolait à 20 000 en 1911. Cette population, parquée dans des réserves alors que ses enfants fréquentaient des écoles séparées, subit le racisme qui s'étendit à tous les immigrants non blancs. Les Japonais connurent le même sort en 1895 et les Indiens en 1907. Un " gentlemen's agreement " canado-japonais limita le nombre de Japonais admis au pays, en l'occurrence en Colombie-Britannique. L'immigration chinoise était contrôlée par un impôt de capitation au début puis interdite de façon légale par le gouvernement fédéral en 1923. L'incident du Komagata Maru de 1914 symbolisa la volonté de groupes économiques et politiques dominants de maintenir une Colombie-Britannique " blanche ".
Les fruits de la croissance transitaient de plus en plus par Vancouver qui devenait ainsi un centre de services pour un arrière-pays en pleine expansion; celui-ci allait couvrir presque tout le territoire de la province. Presque la moitié de la population se concentrait sur la région du Lower Mainland allant de Vancouver et se prolongeant le long de la vallée du Fraser. Le fulgurant essor du capitalisme au début du XXe siècle eut un impact énorme sur la vie de tous les Britanno-Colombiens. L'évolution de l'habitat et de l'emploi mit en relief et accentua les inégalités aux points de vue des conditions de travail et de la qualité de vie. Les revendications liées au travail se propagèrent à la sphère privée. Le travail d'exploitation des ressources était ennuyeux, insalubre, difficile et mal rémunéré. Les mineurs du charbon de l'île de Vancouver entamèrent une grève dès 1877 après que leur patron, Robert Dunsmuir, avait réduit leur salaire d'un tiers. La cruauté avec laquelle ces hommes furent forcés de retourner au travail, avec l'accord du gouvernement provincial, donna le ton aux relations employeur-employé en Colombie-Britannique. Même si certains travailleurs préconisaient la méthode électorale, la plupart préféraient revendiquer de façon directe et, en 1911, les syndicats comptaient plus de 22 000 membres, soit 12 % de la main-d'œuvre non agricole. La Colombie-Britannique connut, au cours de cette période, plus de grèves que n'importe quelle autre province mais le militantisme ne se limita pas aux hommes ou aux lieux de travail. Le mouvement des réformes sociales fut une affaire essentiellement féminine, blanche et de classe moyenne qui visait à élargir le rôle domestique traditionnel de la femme au sein de la collectivité. Ce mouvement bénéficiait de l'aval des églises protestantes qui se sentaient de plus en plus responsables de l'amélioration des conditions de l'ici-bas tout en préparant leurs ouailles à l'au-delà. L'objet des réformes, dans la province et ailleurs, concernait essentiellement l'alcool et le droit de vote des femmes. La première section du Women's Christian Temperance Union fut mise en place en 1882 à Victoria et la première association de défense du droit de vote en 1910. L'opposition libérale, sentant le vent tourner, appuya ce droit deux ans plus tard.
Cet essor de l'esprit de réforme n'empêchait pas le boom économique de continuer. Ceci dit, les détenteurs de capitaux commencèrent à retirer leurs avoirs dès 1912 après avoir pris conscience qu'une grande partie de ce dynamisme était surtout le fruit d'un battage publicitaire. La situation politique en Europe se dégradait et allait aboutir à la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre contre l'Allemagne en août 1914. Le patriotisme aidant, la guerre en vint à concerner tout le monde. La Colombie-Britannique envoya la plus forte proportion de volontaires au Canada, soit 90 pour 1000. Cette situation s'explique par la répartition entre les sexes, où les hommes étaient majoritaires, et une fibre britannique ravivée. Chaque catégorie de citoyen se porta volontaire, y compris les autochtones, les Japonais, les sikhs, et contribua à la victoire finale en 1918. Le mandat de Richard McBride vint à terme pendant la guerre : il démissionna en 1915 pour des raisons de santé et suite à des accusations de favoritisme et de corruption, entre autres. Son successeur dura quelques mois et fut mis en échec par les libéraux qui allaient garder le pouvoir pendant 12 ans. John Oliver fut, des trois premiers ministres libéraux, la figure qui se distingua. Son long maintien au pouvoir, de 1918 jusqu'à son décès en août 1927, s'explique par une opposition conservatrice divisée et une réputation de sage qui avait réussi par ses propres moyens. En 1922, un groupe dissident de droite dirigé par des hommes d'affaires vancouvérois s'allia à des cultivateurs mécontents pour tenter de revenir à l'ancienne forme de politique de coalitions : le Provincial Party incarnait l'insatisfaction face aux partis principaux considérés comme un empiètement fédéral. Le passage du pouvoir des conservateurs aux mains des libéraux favorisa les réformateurs sociaux. Le patriotisme, stimulé par la guerre, aboutit au droit de vote des femmes au Manitoba en 1915; les autres provinces des prairies suivirent de près. Les libéraux provinciaux gagnèrent les élections de 1916 avec un programme défendant la prohibition et le vote des femmes.
Un référendum pour chaque question faisait partie du scrutin. Son approbation préluda à une loi interdisant la vente d'alcool et à une autre accordant le droit de vote aux femmes au niveau provincial et celui de devenir députée. Mary Ellen Smith fut la première en 1918, en succédant à son mari défunt dans une élection partielle de Vancouver. La Première Guerre mondiale prépara également le terrain pour ce qui apparaîtrait, avec le recul, comme l'aboutissement de vingt années de luttes ouvrières. La contestation se propagea, notamment après l'imposition en 1917 de la conscription par le gouvernement fédéral. L'idée d'un grand syndicat unique (One Big Union) regroupant tous les travailleurs gagnait en popularité, même lors de la grève générale de Winnipeg en mai 1919. Ces deux réalités bénéficiaient d'un soutien général en Colombie-Britannique mais elles échouèrent. Il aura fallu moins d'un an pour comprendre que la puissance de l'État, au service du capitalisme, dépassait celle des travailleurs, même dans des conditions favorables. Les syndicats continuèrent d'exister dans la province mais le mouvement général, miné par des conflits personnels et raciaux, se morcela. Aux limites des réformes sociales répondirent celles de la prohibition. La loi fut ouvertement violée et, en 1920, on organisa un plébiscite sur la question. La Colombie-Britannique fut la première province anglophone à rejeter cette mesure et devint un des lieux principaux de contrebande en direction des États-Unis jusqu'à 1933, année où ceux-ci abrogèrent finalement cette même interdiction. Le gouvernement libéral, inspiré par contre du même esprit réformateur, passa toute une série de lois établissant une fonction publique et des bibliothèques publiques, touchant la rémunération des travailleurs, les enfants abandonnés et les pensions aux mères nécessiteuses, et accroissant le système d'écoles publiques. Ces réformes étaient limitées car elles ne concernaient que le groupe dominant et laissaient presque entièrement de côté les autochtones et les non-Blancs.
La fin de la guerre en 1918, loin de signifier le retour de la confiance, inaugura une récession dans tout l'Occident qui allait durer jusqu'en 1923. La croissance économique notable de la province jusqu'à la fin de la décennie reposait toutefois sur des poussées de développement déjà existantes. La demande internationale pour des produits de base tels que le bois et le minerai relança la tendance, comme à l'accoutumée. L'ouverture du canal de Panama en 1914 fit de Vancouver un centre de transbordement pour de nombreuses marchandises, non seulement locales mais également les céréales des prairies, acheminées jusqu'alors vers l'Est par le Canadien Pacifique. À la fin de la décennie, un bon 40 % des céréales canadiennes passaient par Vancouver. L'économie de la province dépendait toujours des aléas des marchés mondiaux, lesquels s'effondrèrent avec le crash boursier d'octobre 1929. La récession prévue se transforma bientôt en une immense dépression, un phénomène aux causes et aux conséquences mondiales, ce qui n'empêcha pas les Britanno-Colombiens d'en pâtir tout autant. Chaque secteur économique ralentit et la valeur nette de la production chuta de presque 60 %, de même que les exportations canadiennes à partir de la province, y compris les céréales des prairies. Presque tous les salaires suivirent. Vancouver fut particulièrement affectée, notamment les personnes âgées et les pauvres. Les hommes politiques n'avaient pas bien cerné l'ampleur de la dépression au départ. Les conservateurs revinrent au pouvoir en 1928 en raison de leurs personnalités fortes plutôt que d'un meilleur programme. Simon Fraser Tolmie, tout comme son prédécesseur Richard McBride, appartenait à une vieille famille locale. Descendant de marchands de fourrure de la Compagnie de la Baie d'Hudson, il avait été député et ministre de l'agriculture dans le gouvernement fédéral. Les conservateurs promirent " d'appliquer les principes commerciaux aux affaires gouvernementales, " ce dont ils furent punis lors de la dépression. S. F. Tolmie fut forcé de réagir lorsque le taux de chômage atteignit 28 % en 1931, le plus élevé au pays. On mit sur pied des camps de secours, la plupart du temps dans des lieux éloignés et à l'abri des regards, pour y employer des chômeurs célibataires afin de construire des routes et d'autres infrastructures publiques en échange d'une chambre, de nourriture et d'un peu d'argent. L'année suivante, le gouvernement fédéral prit la responsabilité de ces camps, qui, au nombre de 200, abritaient alors 8 000 hommes. Le parti conservateur s'empêtra dans son adhésion aux " principes commerciaux ". S. F.Tolmie accéda en 1931 à la demande d'une délégation d'hommes d'affaires de Vancouver qui voulaient former un comité chargé de proposer des solutions à la situation financière de plus en plus désespérée. Le rapport Kidd, publié en 1932, préconisait des coupures dans les services sociaux telles qu'elles provoquèrent un tollé. La population générale s'attendait à plus de la part de son gouvernement que son rôle traditionnel de maintien de la loi et de l'ordre, de fourniture d'infrastructures physiques et de soutien à l'entreprise privée. L'appel croissant en faveur d'une implication gouvernementale accrue se traduisit à l'échelle nationale par l'apparition en 1932 d'un nouveau parti, Co-operative Commonwealth Federation. Le CCF rassemblait les éléments réformateurs canadiens dans le but de former un gouvernement socialiste par des moyens démocratiques.
La prochaine élection provinciale, en 1933, fut remportée facilement par les libéraux avec 42 % des votes. Avec un bon 32 %, le tout récent CCF devenait l'opposition principale. La différence de score s'expliquait encore une fois par les personnalités en présence. Duff Pattullo était le nouveau premier ministre qui, riche de ses puissants appuis en région en tant que maire et homme d'affaires de Prince Rupert, respirait la confiance. Le parti libéral, identifié depuis longtemps aux réformes sociales, défendait maintenant davantage l'intervention de l'État dans sa lutte contre les inégalités sociales et le capitalisme sauvage. Il est probable que le CCF ait joué un rôle dans la promulgation de lois sur l'imposition, le rétablissement de programmes sociaux et le lancement de travaux publics. Les origines de D. Pattullo expliquent son intérêt pour l'immense territoire au nord, demeuré jusqu'alors autochtone en grande partie, afin d'en encourager le développement économique. La dépression n'était pas finie; la situation était même aggravée par l'arrivée en Colombie-Britannique de chômeurs du Canada entier, mus par l'idée qu'au moins ils ne mourraient pas de froid. Ils se concentraient en bandes ou en communautés le long du chemin de fer, dénonçant souvent leurs conditions. Les hommes des camps de secours faisaient de même et organisaient des marches dans Vancouver. Ces chômeurs entamèrent même une marche sur Ottawa au printemps 1935 après que le gouvernement fédéral avait ignoré leurs revendications. Cette marche vers Ottawa, forte de 25 000 hommes, fut stoppée à Regina lorsqu'une émeute éclata après l'échec des négociations. Le gouvernement central réagit finalement. Le taux de chômage en Colombie-Britannique continua cependant de grimper et le gouvernement, désespéré, coupa l'aide à tous sauf aux résidants de la province. La situation dégénéra lorsque quelque 1000 chômeurs furent expulsés de force du bureau de poste de Vancouver qu'ils occupaient le 19 juin 1938, un événement connu comme le Bloody Sunday. D. Pattullo était convaincu que son gouvernement ne pouvait pas pourvoir à tout et, à l'instar de son prédécesseur Richard McBride, réclamait de plus en plus de 'meilleures conditions' au sein du régime fédéral, ce dont le gouvernement fédéral prit acte. Reconnaissant l'existence de disparités régionales au Canada, il choisit de créer en 1937 la Commission royale sur les relations entre le Dominion et les provinces, ou Commission Rowell-Sirois. D. Pattullo déclara sans détours qu'en 1938 " environ 80 % des produits manufacturés importés en Colombie-Britannique provenaient de l'Est du Canada alors qu'environ 75 % de nos produits de base principaux, à l'exclusion de l'agriculture, devaient subir la concurrence sur les marchés internationaux. " La commission conclut en 1940 qu'il y avait bel et bien des disparités et recommanda d'accroître le rôle du gouvernement fédéral dans ses rapports avec les provinces. La Colombie-Britannique et quelques autres s'opposèrent mais la Seconde Guerre mondiale interrompit les discussions.
La déclaration de guerre, en septembre 1939, mit les choses en suspens, du moins en apparence. La peintre Emily Carr écrivait effectivement dans son journal que " la guerre interrompt tout, suspend toute activité courante. " Mais la guerre apporta en fin de compte des changements profonds. Elle marquait d'abord la fin de la dépression. La production totale de la province allait doubler au cours des six prochaines années. Le secteur manufacturier démarra grâce notamment à la construction navale et aéronautique. Le bombardement de Pearl Harbor en décembre 1941 persuada les Américains qu'il était nécessaire de construire une autoroute pour protéger l'Alaska d'une attaque, ce qui marqua un essor fulgurant du nord de la Colombie-Britannique. Le tronçon britanno-colombien de cette autoroute commençait à Dawson Creek et parcourait la région de la rivière Peace au nord-est de la province. Prince Rupert devint un centre de ravitaillement important pour les bases américaines. Le nord faisait partie de la Colombie-Britannique à la fin de la guerre, du moins dans l'imaginaire collectif. Le conflit avait également apporté une certaine stabilité politique car les partis principaux avaient formé une coalition en 1941 afin de contrer le CCF qui avait gagné une majorité relative des sièges au parlement. L'ardente défense des droits provinciaux par D. Pattullo s'inscrivait en faux par rapport au revirement de l'opinion publique en faveur d'un gouvernement fédéral fort au début des hostilités. Celui-là démissionna en 1941 et le libéral John Hart dirigea le nouveau gouvernement de coalition.
Les Canadiens d'origine japonaise, la plupart vivant en Colombie-Britannique, furent particulièrement affectés par la guerre. Après la Première Guerre mondiale, de nombreux hommes avaient ramené des fiancées, contactées par correspondance et épousées par procuration. Contrairement aux effectifs déclinants de la population chinoise et sud-asiatique, les britanno-colombiens d'origine japonaise dépassèrent les 22 000 en 1941. Plus de la moitié étaient Nisei, c'est-à-dire nés en Colombie-Britannique et bien intégrés. Mais l'opinion publique ne les distinguait pas de ceux qui étaient nés au Japon, surtout lorsque la politique étrangère nippone devint plus agressive dans les années 1930. La situation géographique de la province faisait craindre que les habitants d'origine japonaise, les pêcheurs le long de la côte notamment, saboteraient les intérêts canadiens. Après le bombardement de Pearl Harbor en décembre 1941, le Canada déclara presque aussitôt la guerre au Japon et les autorités fédérales saisirent quelque 12 000 bateaux de pêche qui appartenaient à des Nippo-Colombiens. Le tollé général se traduisit d'abord par une rafle d'hommes considérés comme des " ressortissants d'un pays ennemi ", puis par l'expulsion de tout descendant japonais de la côte et de la région de Trail, où se trouvaient les fonderies, si essentielles à l'effort de guerre. On envoya hommes, femmes et enfants dans des camps d'internement, on liquida leurs biens à des prix souvent dérisoires. Environ 4000, dont plus de la moitié étaient nés au Canada, acceptèrent l'offre des autorités fédérales de rapatriement. Les autres ne purent retourner sur la côte qu'en 1949.
Tout autre fut le sort des travailleurs, lesquels profitèrent amplement de la guerre. Le plein emploi à partir de 1941 accéléra à la syndicalisation, notamment dans l'industrie de l'exploitation forestière. Le taux d'adhésion au sein de la main-d'œuvre non agricole, qui avait sombré à 7 % en 1934, avoisinait 30 % en 1943. Le gouvernement fédéral imposa l'année suivante la négociation collective et le droit des employés de former et de s'inscrire à un syndicat ainsi que celui de voter. À la fin de la guerre, l'opinion publique avait globalement accepté l'existence des syndicats. Les autochtones étaient également pris en compte. Pendant longtemps, des individus tels que le chef Squamish Joe Capilano et des groupes tels que les Nisga'a avaient réclamé des droits sur les terres mais la société dominante s'y était montrée, la plupart du temps, hostile. Les anciens combattants et d'autres citoyens se rendaient compte que les hommes autochtones s'étaient portés volontaires et battus courageusement dans les deux conflits mondiaux et retrouvaient à leur retour ségrégation et racisme. Le Sénat et la Chambre des communes nommèrent un Comité spécial conjoint en 1946 chargé d'examiner les lois relatives aux autochtones. Le rapport final recommandait que les écoles séparées (ou internats) fussent abolies et que les enfants fréquentassent les mêmes écoles que les autres Britanno-Colombiens. L'interdiction du potlatch, qui n'avait pas complètement empêché les pratiques traditionnelles, fut levée en 1951, de même que celles de lever des fonds à des fins politiques et de boire de l'alcool en public. Ces mesures se révélèrent toutefois insuffisantes, car la plupart des intéressés se retrouvaient encore confinés dans de petites réserves et sans les moyens nécessaires pour mener une vie autonome et épanouie.
La fin imminente de la guerre fit craindre une autre récession. Craintes infondées car le Canada entamait une période de stabilité économique qui, hormis des turbulences entre 1958 et 1962, allait se poursuivre jusqu'au début des années 1970. La reconstruction européenne et la croissance industrielle internationale stimulèrent le secteur primaire; la Colombie-Britannique en profita largement. L'industrie forestière se déplaça de la côte vers l'intérieur, accélérant la croissance de Prince George. On commença l'exploitation de pétrole et de gaz naturel dans le nord-est, mais dans une moindre mesure qu'au nord de l'Alberta. Les fonderies de Trail prirent de l'expansion et l'exploitation de l'amiante démarra dans l'extrême nord-ouest. Les autorités provinciales signèrent une entente avec l'Aluminium Company of Canada (Alcan) en 1951 pour la construction d'une grande fonderie au sud-ouest de Prince Rupert, où naîtrait plus tard la ville de Kitimat. L'année suivante, le Pacific Great Eastern Railway, inachevé depuis longtemps, fut enfin prolongé jusqu'à Prince George (et plus au nord par la suite). La capacité de tirer profit des circonstances économiques favorables reposait également sur un réalignement politique. La coalition au pouvoir se maintint après la guerre alors que se manifestait une nouvelle force politique en la personne de W.A.C. Bennett. Petit homme d'affaires par excellence, il s'était hissé au pouvoir sous les couleurs du Crédit social, un parti populiste né dans les prairies pendant la dépression et qui avait dirigé l'Alberta en 1935 et s'était déplacé vers l'Ouest avec la migration.
La proportion de Britanno-Colombiens nés dans les prairies dépassait les 20 % en 1951. W.A.C. Bennett, né au Nouveau-Brunswick puis établi en Alberta et ensuite dans la vallée de l'Okanagan, figurait parmi eux. Ne réussissant pas à se faire admettre dans les rangs du parti conservateur, dont l'establishment vancouvérois formait la base électorale, il choisit le Crédit social, un nouveau parti qu'il dynamisa. Au moment des élections de 1952, des divergences politiques et personnelles avaient scindé la coalition au pouvoir. Elle n'en avait pas moins prévu un report mutuel des voix afin de contrer le CCF, l'ennemi commun, mais les résultats donnèrent la mesure de l'antipathie des deux partis principaux auprès de l'électorat. Le CCF obtint la majorité des voix mais le Crédit social un député de plus. W.A.C. Bennett fut chargé de former le nouveau gouvernement et manifesta clairement sa sensibilité à l'égard de la diversité de la population en nommant la première femme à un poste ministériel, un syndicaliste, des non-Britanniques, des chrétiens évangéliques, des Britanno-Colombiens des régions et d'anciens Albertains. Afin de résoudre le blocage politique, le Crédit social convoqua des élections l'année suivante qu'il remporta haut la main, profitant de la confusion au sein du CCF. Sa coalition était devenue indélogeable aux élections subséquentes, lesquelles avaient repris le scrutin uninominal. La personnalité demeurait un facteur essentiel alors même que le CCF était devenu le Nouveau Parti démocratique au niveau fédéral. Affichant une volonté de modération et de rassemblement, notamment auprès des syndicats, le NPD ne parvenait pas à recueillir plus du tiers des suffrages contrairement au Crédit social qui en raflait entre 40 et 47 %. Ce n'est qu'en 1972 que l'équilibre changea, alors que W.A.C. Bennett avait passé 20 ans au pouvoir.
Le Crédit social poursuivait une politique déjà entamée auparavant et capitalisa sur l'augmentation généralisée des salaires, la prospérité et la confiance dont l'Occident était témoin. Tout comme ses prédécesseurs, W.A.C. Bennett avait également coutume de mettre ses échecs sur le dos du gouvernement fédéral et de s'attribuer le mérite de ses succès. Promettant à ses concitoyens ce qu'il appelait " la bonne vie ", il y réussit un certain temps. La théorie que le parti avait quasiment érigée en dogme voulait que le progrès matériel reposât sur le développement rapide des ressources. Il fallait principalement attirer des capitaux extérieurs et les investissements américains grimpèrent de façon inédite. Plus de la moitié des capitaux dans une industrie forestière en pleine expansion provenaient des États-Unis au milieu des années 1950. La politique gouvernementale favorisait la concession à long terme de terres de la Couronne, plus fiable et profitable, avec pour résultat une forte concentration des entreprises. L'expansion du secteur reposait surtout sur les pâtes et papiers, ce qui concentra également la foresterie aux mains de quelques grandes multinationales intégrées. De 1952 à 1972, la valeur des produits canadiens exportés à partir de la Colombie-Britannique quintupla. Les années 1950 furent celles de la création d'infrastructures et donc de grands projets de développement, hydroélectriques notamment, qui allaient se poursuivre au cours de la décennie suivante. L'infrastructure routière avait reçu plus d'argent pendant les six premières années de l'administration de W.A.C. Bennett que dans toute l'histoire de la province. Le transport aérien et les canalisations connurent un développement tout aussi important. Le Traité du fleuve Columbia signé avec les États-Unis en 1961 donna le coup d'envoi à la construction de trois barrages-réservoirs au sud de la province : celle-ci recevrait un montant unique en échange des futures retombées hydroélectriques en aval. On construisit le barrage Bennett sur la rivière Peace au nord-est. La Colombie-Britannique devenait enfin un ensemble économique intégré.
L'implication accrue de l'État s'étendit aux services sociaux. Les gouvernements fédéral et provincial adoptèrent l'assurance-santé, les allocations familiales pour les jeunes et les retraites pour les aînés. L'accès à l'enseignement post-secondaire se démocratisa. L'Université de Victoria fut fondée en 1963, remplaçant un collège qui dispensait un enseignement de deux ans, et l'Université Simon Fraser vit le jour en 1965 à Burnaby. La province vit apparaître un peu partout des collèges communautaires de formation professionnelle, offrant par ailleurs des cours de niveau universitaire de deux ans.
'engouement envers le Crédit social s'estompa finalement au début des années 1970. L'opinion publique ne pouvait se rendre à l'évidence, de plus en plus criante, que même le gouvernement Bennett ne pouvait maintenir cet état de grâce. Le NPD, sous la houlette de David Barrett, jeune travailleur social, remporta une mince victoire en 1972 avec 40 % des votes, contre 31 % pour le Crédit social. Il promulgua immédiatement de nombreuses réformes jugées, avec le recul, trop ambitieuses et trop précipitées dans le contexte économique difficile de l'époque. Le gouvernement convoqua de nouvelles élections en 1975, bien avant la fin de son mandat, pour les perdre face à une coalition du Crédit social revigorée et menée par William "Bill" Bennett, fils du précédent. Ce dernier, sensible à la libre entreprise et au resserrement des dépenses publiques, appliqua une gestion plus austère que son père. Cette coalition, dirigée par B. Bennett puis Bill Vander Zalm et ensuite, brièvement, Rita Johnston, première femme à accéder au poste, garda le pouvoir jusqu'à son implosion des conséquences d'une désorganisation interne et d'un manque de vision. Un parti libéral ravivé ne put barrer le chemin au NPD qui, sous la direction de Michael Harcourt, ancien maire populaire de Vancouver, remporta de justesse les élections de 1991 avec 40 % des suffrages. Celles de 1996 maintinrent le parti au pouvoir sous Glen Clark, même si les libéraux remportaient une plus grande proportion du vote populaire, soit 43 % contre 39 % pour le NPD, avec à leur tête Gordon Campbell, ancien maire de Vancouver délibérément en rupture avec son pendant fédéral.
La Colombie-Britannique était déphasée par rapport au Canada. Outre la situation politique, l'économie de la province, qui s'était depuis toujours appuyée sur les ressources naturelles, évoluait de façon irrégulière. Les finances souffraient exagérément de la moindre oscillation des cours et de la demande mondiaux. Vancouver continuait à engranger la plus grande partie des profits, même si la capitale Victoria et des centres de services régionaux tels que Kelowna, Nanaimo ou Prince George tiraient leur épingle du jeu. Il était de plus en plus manifeste que les ressources naturelles, le bois, le poisson et le minerai n'étaient pas éternels et, qui plus est, l'attitude à l'égard de leur exploitation, évoluait sensiblement. Le gouvernement fut contraint en mainte occasion de s'impliquer davantage dans leur gestion, protection et préservation. Les questions environnementales à long terme prirent le pas sur des considérations financières à court terme, sous le mandat de M. Harcourt en particulier. Le tourisme et la croissance du secteur tertiaire atténuèrent quelque peu la situation.
La province se distinguait aussi par sa démographie. L'immigration avait certes repris après la Seconde Guerre mondiale mais elle ne prit son véritable essor qu'en 1967 avec l'adoption par le gouvernement fédéral d'une politique en ce sens. La Colombie-Britannique connut la plus forte croissance au Canada, du fait de l'arrivée d'étrangers, de Canadiens d'autres provinces et d'un accroissement naturel. La population dépassa les 2 millions d'habitants en 1971, soit plus du double qu'à la fin de la guerre. Elle passa à 3,3 millions d'habitants en 1991, dont, caractéristique propre à la Colombie-Britannique, la plupart venait d'ailleurs. Ces nouveaux arrivants changèrent le statu quo et la part des Asiatiques grandit à nouveau : de 1 % en 1961, elle approchait les 8 % en 1991. La richesse et le raffinement de nombreux immigrants de Hong-Kong et d'ailleurs effaça l'image du Chinois comme travailleur subalterne. La plupart s'installèrent dans le Lower Mainland et y exercèrent une influence. La tolérance gagnant du terrain, l'égalité des chances devint une réalité de plus en plus tangible. David Lam, immigrant chinois, fut nommé lieutenant-gouverneur en 1988 et des immigrants d'origines chinoise ou sud-asiatique furent élus aux différentes instances provinciales et fédérales. Aucun groupe britanno-colombien n'afficha une position plus contradictoire que les peuples autochtones. Le militantisme social, né dans les années 1960, installa une nouvelle dynamique et se traduisit par une croissance démographique : en 1991, presque 120 000 Britanno-Colombiens, soit un peu moins de 4 %, se réclamaient d'origines autochtones. Ils étaient surtout unis autour de la question des réclamations territoriales. On ne pouvait plus passer sous silence l'absence de traités concernant la plupart des territoires et le gouvernement provincial déclara, peu avant la chute du Crédit social, sa volonté de négocier avec les autorités fédérales. Le processus se révéla extrêmement complexe. La décision de la Cour suprême rendue à la fin de 1997 dans le cas Delgamuukw et la signature d'un traité préliminaire avec les Nisga'a, l'été suivant, indiquèrent enfin la voie à suivre.
La Colombie-Britannique demeure au début du XXIe siècle aussi énigmatique que jamais. La vie politique repose toujours davantage sur des personnalités et des coalitions populistes que sur la loyauté au parti, contrairement à la pratique au niveau fédéral. Une économie fondée encore sur l'exploitation des ressources naturelles explique la persistance et l'intensité des débandades et des reprises. La province se distingue également par une attitude progressiste dans les questions d'égalité raciale, même si les immigrants du dernier siècle et demi ne font pas toujours bon ménage avec les autochtones. Vancouver et le Lower Mainland continuent de dominer la vie sociale et économique. Mais malgré l'éclat de la ville, qui se considère de plus en plus comme une ville-État importante sur la scène mondiale, les fondements économiques de la province sont de plus en plus fragiles. La Colombie-Britannique n'en demeure pas moins un endroit stimulant, quelquefois exaspérant, aux points de vue du travail et de la vie en général.
Encyclopedia of British Columbia, sous la direction de Daniel Francis, Harbour Publishing, Madeira Park, Colombie-Britannique, 2000. Traduction : Jean-Philippe Trottier, correction : Stéphane Stapinsky, avec l'aimable autorisation de l'éditeur.